Si Tasie m'était conté ...
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Exposition "La Peste !"
19 et 20 septembre 2020
Il y a 300 ans une autre épidémie bien plus grave que le coronavirus sévissait en Provence : la Peste. 
Dans le cadre des journées européennes du patrimoine de cette année 2020, nous avons organisé une exposition pour  relater cette période noire de Sainte-Anastasie.
Le contenu de cette exposition vous est présenté ici, organisée en grandes thématiques :
Quelques similitudes entre la peste de 1720 et la Covid de 2020
Virus de la peste
Virus de la Covid-19
Une pandémie (du grec ancien πᾶν / pãn « tous », et δῆμος / dễmos « peuple ») est une épidémie présente sur une large zone géographique internationale. Dans le sens courant, elle touche une partie particulièrement importante de la population mondiale.
 
Les pandémies surviennent lors de déséquilibres majeurs liés à des modifications sociales et environnementales au cours de l'histoire (révolution agricole, guerres et commerce, voyages et grandes découvertes, révolution industrielle et empires coloniaux, mondialisation...). 

Les conséquences d'une pandémie non maîtrisée peuvent être très importantes, comme cela a été le cas de la peste noire en Europe et en Asie, où elle a tué en quelques années des dizaines de millions de personnes et a eu un fort impact sur la démographie, ou, plus récemment, avec l'infection par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH) qui touche sévèrement l'Afrique subsaharienne. 

La pandémie de Covid-19 est une pandémie d'une maladie infectieuse émergente, appelée la maladie à coronavirus 2019 ou Covid-19, provoquée par le coronavirus SARS-CoV-2, apparue à Wuhan le 17 novembre 2019, dans la province de Hubei (en Chine centrale), avant de se propager dans le monde. 
  • Elles connaissent toutes les deux de phases d’extension et de rémission. 
  • Elles ont surpris la population et crée un grand désarroi. 
  • Elles présentent les mêmes moyens de « défense » 
    • Confinement 
    • Quarantaine 
    • Distanciation  
    • Port du masque
  • On a créé des autorisations de déplacement pour les deux pandémies.
A partir du XVIIIème siècle, les épidémies de peste sont moins nombreuses et beaucoup moins meurtrières. En France, la dernière épidémie date de 1945, en Corse. Il y a eu 10 victimes. 10, et pas la population corse dans sa totalité. Et c'est plutôt cool, finalement. 
Maintenant, on connaît aussi les antibiotiques qui permettent de soigner la peste. Malheureusement, Ia peste continue de sévir en Afrique et refait de nombreuses apparitions en Russie et aux USA depuis les années 1990. On cherche alors un vaccin qui permettrait d'éradiquer définitivement la maladie. 
Cette attestation de déplacement de 1720 va vous rappeler quelque chose

(Par Louise Wessbecher - Huffington Post) 
 
Trois siècles avant l'épidémie du nouveau coronavirus, les Français devaient déjà remplir des attestations de déplacement, en témoigne cette archive de 1720 repérée par un historien.
Générée sur notre smartphone, écrite à la main sur une feuille volante ou imprimée depuis notre ordinateur... Les Français ont pris l’habitude depuis six semaines de remplir une attestation de déplacement dérogatoire pour sortir faire les courses, promener le chien ou aller travailler, conformément aux mesures restrictives de confinement qui doivent limiter la propagation de l’épidémie de coronavirus. 
Aussi inhabituelle que cette situation puisse nous paraître, elle n’est pourtant pas inédite. La preuve avec cette attestation de déplacement datée du 4 novembre 1720, vendue par la librairie parisienne Traces Écrites et partagée sur Twitter ce mercredi 22 avril par Jérémie Ferrer-Bartomeu, docteur en histoire, diplômé de l’École des Chartes et enseignant-chercheur à l’université de Neuchâtel en Suisse. 
Elle autorise le déplacement d’un certain Alexandre Coulomb pour rejoindre la ville de Blauzac depuis sa localité de Remoulins, dans le Gard, dont les belles armes ornent le haut de la feuille. Et atteste qu’il n’y a dans ce lieu, “aucun soupçon de mal contagieux”. 
Pas de Covid-19 à l’époque, mais une épidémie de peste partie en 1720 du port de Marseille, qui fit plus de 100.000 morts. “Les épidémies de peste et de choléra sont endémiques à cette époque”, raconte Jérémie Ferrer-Bartomeu au HuffPost. “L’encadrement médical était très faible, donc il n’y avait pas d’autres choix que d’interdire les déplacements. On a même tenté de confiner la ville de Marseille, comme l’évoque Marcel Pagnol dans Les Pestiférés.” 
Laissez-passer officiel durant la grande épidémie de 1720
Si ce document daté d’il y a 300 ans surprend de par son écho avec notre quotidien de confinés, il est pourtant plutôt commun à l’époque, avance l’historien. “Ces attestations de déplacement sont relativement courantes du XVIe au XVIIIe siècle. Les mobilités sont contraintes, les habitants ne se déplacent pas et ne passent pas les portes des villes comme ils veulent”, poursuit Jérémie Ferrer-Bartomeu.  
 
“Le caractère officiel de ce document, imprimé puis complété de façon manuscrite, montre que la situation est grave”, et Alexandre Coulomb ne se déplace certainement pas “par plaisir” mais plutôt pour demander de l’approvisionnement à ses confrères de Blauzac ou évoquer la question de la sûreté des rues, avance le chercheur. 
Si les dispositifs de contrôle des mobilités ont tendance à être systématisés à l’époque, preuve de l’importance grandissante de la surveillance de l’État sur les individus, ils sont renforcés en temps de crise. “En contexte épidémique, se déplacer sans attestation pouvait aller jusqu’à la mort. Si le territoire était mis en quarantaine, vous pouviez être fusillé ou pendu”, assure Jérémie Ferrer-Bartomeu. 
300 ans plus tard, la peine est plus clémente. Se déplacer dans les rues françaises sans autorisation dérogatoire en pleine épidémie de coronavirus est passible d’une amende de 135 euros. 
Nos ancêtres et la peste
Docteur Schnabel de Rome, pendant la peste noire (gravure de Paul Fürst 1656) : tunique recouvrant tout le corps, gants, bésicles de protection portées sur un masque en forme de bec, chapeau et baguette.
Les origines de la peste
Aujourd’hui, on sait que la peste, très contagieuse, est causée par une bactérie (Yersinia pestis (Wikipédia)), véhiculée par le rat, et transmise à l’homme par la puce.  
Un traitement réel contre la peste n’a été disponible qu’à partir des dernières années du XIXe siècle, après la découverte du bacille par Alexandre Yersin.  
Pour nos ancêtres, deux éléments caractérisent la peste :  
  • son extrême contagion, 
  • son issue fatale dans la grande majorité des cas.
A partir des ports (en particulier les ports du Levant qui commercent avec l’Afrique, le Moyen Orient) et des frontières (particulièrement celle de l’est du pays), la peste emprunte les grandes voies fluviales et les grands axes de circulation pour se propager.  
Le long de ces axes, les porteurs de peste sont principalement des itinérants (soldats, pèlerins, mendiants, colporteurs, voituriers, etc…) qui dans leurs malles ou baluchons diffusent la contagion au cours de leurs déplacements.  
La contagion frappe les villes comme les campagnes, même si plus une localité est peuplée plus elle a de chances d’être infectée.  
Vagues successives de peste
Trois grandes épidémies de peste sont connues au cours des temps historiques :  
  • La peste de Justinien (an 567) 
  • La peste noire (début en 1337) 
  • La troisième pandémie (1894-1914) 
Mais le détail des épidémies, plus ou moins étendues, est bien plus complexe.  
  • 567 : La peste de Justinien, racontée par Grégoire de Tours. Elle atteint Clermont-Ferrand, il y a plus de 300 cadavres dans la cathédrale... La peste qui frappe alors le Bassin méditerranéen aura deux conséquences : à cause de la dépression démographique qu’elle crée, la peste permet l’avancée des peuples barbares, mais surtout elle permet la pénétration des armées des arabes islamisés qui ne rencontrent que très peu de résistance dans le nord de l’Afrique
  • 1120 : Le mal des Ardents apparaît de nouveau et envahit les régions du Nord et de l'Ouest, le pays Chartrain, Paris, le Soissonnais. 
  • 1270 (25 août) : Saint Louis meurt de la peste à Tunis.
  • 1337 : La peste noire démarre en Chine. Elle a laissé derrière elle 13 millions de morts.
  • 1348 : La « peste noire » tua un tiers de la population de l’Europe (soit environ 30 millions de morts), en deux années seulement ! Partie de Marseille et de Gênes, en raison du commerce avec l'Orient, elle touche toute l'Europe, de façon un peu inégale.
  • 1348 à 1500 : Paris connaît une vingtaine d’attaques de la peste.
  • 1348 à 1649 : On compte à Nîmes trente et une épidémies.
  • 1349 : La Faculté de médecine de Paris consultée par le roi répond que l'origine éloignée et première de la cruelle épidémie qui sévit est due aux constellations célestes
  • 1354 : Autre épidémie en Picardie et en Artois; on parle encore souvent du feu redoutable dans le cours du XVe siècle; cependant, les cas ne sont plus aussi nombreux; la maladie devient sporadique.
  • 1361 : La peste revient à Avignon, on accuse 17 000 inhumations; nombre d'évêques et de cardinaux succombent. 
  • 1418
    • Un bourgeois parisien écrit dans son journal : « en moins de cinq sepmaines trespasse en ville de Paris plus de L mil [cinquante mille] personnes. » 
    • Monstrelet donne un chiffre encore plus élevé : « A Paris on se mouroit d'épidémie très merveilleusement dedans la ville car comme il fut trouvés par les curés des paroisses, il y mourut cette année oultre le nombre de quatre-vingts mille personnes. » 
  • 1499
    • On trouve à Compiègne mention de « deux escus de Roy » délivrés à «-ung bon homme a quy on a brullé sa maison, où ses enffans sont morts. ». 
    • Le Conseil de ville de Troyes fait livrer aux flammes un petit bâtiment dans lequel un homme et ses quatre enfants viennent de mourir. 
    • On expulse les pauvres ou on les renferme. 
    • A signaler aussi des hécatombes de chiens et de chats comme étant susceptibles de transmettre la peste, mais les rats, vecteurs plus certain de la maladie, ne sont pas inquiétés. 
  • 1510 (16 novembre) : Une ordonnance du Prévot de Paris : « enjoint de plus à toutes personnes qui ont été malades de la contagion et à toutes celles de leur famille, de porter à leur main en allant par la ville, une verge ou bâton blanc, à peine d'amende arbitraire. » 
  • 1577 : Venise perd 50.000 habitants. Montaigne préfère quitter Bordeaux, la grande ville dont il est échevin ... 
  • 1632 : Peste dans le Morbihan Source : Revue du Cercle Généalogique du Morbihan N° 73 
  • 1664-1665 : Londres perdit d'un coup près de 75 000 de ses habitants (sur une population d’environ 460.000 habitants). 
  • 1720 : La dernière peste à Marseille et en Provence, avait été amenée – comme la première – par un bateau infesté : le Grand Saint Antoine. 
  • 1894 : La troisième pandémie débute avec le réveil du vieux foyer du Yunnan et gagne Hong Kong. 
  • 1896 : Rats et puces infectés, dont il n'avait nulle part été fait mention durant les deux premières pandémies, allaient trouver dans la navigation à vapeur un exceptionnel moyen de propagation. Partie de Bombay, la peste atteint Suez l'année suivante, 
  • 1898 : puis Madagascar, 
  • 1899 : Elle arrive en Alexandrie, au Japon, dans l'Est africain et au Portugal; 
  • 1900 : Elle est à Manille, à Sydney, à Glasgow et à San Francisco en 1900, 
  • 1908 : Elle gagne Honolulu, 
  • 1911 : Puis Java en 1911, 
  • 1914 : Ceylan en 1914, 
  • 1918-1920 : Une flambée de peste à Paris et Marseille fait une centaine de malades et une trentaine de morts. 
  • 1920 : A Clichy, c’est la « peste des chiffonniers » qui fait une centaine de morts. Toujours les mêmes causes : des ballots de tissus importés d’Orient ont amené avec eux des puces infestées. 
  • 1950 : C'est seulement à partir des années 50 que la maladie peut enfin régresser, grâce aux campagnes de dératisation à grande échelle qui ont eu lieu après la Seconde guerre mondiale 
  • 1962 : 700 cas mondiaux dont certains aux USA ! 
  • 1966 : 3000 cas au Vietnam 
  • 2002 : Deux victimes à New York (USA)

Le Chevalier Roze à la Tourette - Ensevelissement de cadavres par les forçats - Gravure de Thomassin (1727)
Se préserver de la peste
La fuite 
Pour nos ancêtres qui croyaient que la corruption de l’air était à l’origine des contagions, la fuite préventive semblait la solution la plus efficace. Mais encore fallait-il avoir les moyens financiers de quitter les lieux infectés ! Les souverains, notables fuyaient les villes dès le début d’épidémies pour trouver refuge dans leurs résidences de campagne. 

L’isolement 
Pour tous ceux qui ne peuvent quitter la localité infectée l’isolement semble le seul recours possible.  
Dès l’annonce de l’état de contagion d’une localité, cela entraîne la mise en interdit de la ville. Les portes sont fermées, des gardes interdisent de franchir les portes.  
Depuis la fin du XIVème siècle, la durée de mise à l’écart des personnes suspectées d’avoir contracté la maladie ou des convalescents est fixée à 40 jours (d'où quarantaine). Les villes emploient des sergents chargés de séquestrer les malades dans leur propre maison. Si la maladie se propage rapidement, les malades sont au contraire expulsés de leur domicile et sont isolés loin des murs de la cité.  
Lorsque les premiers décès suspects surviennent, un médecin est chargé d’inspecter les cadavres. Si la peste est confirmée, la victime sera généralement enterrée de nuit dans des cimetières loin de la ville (dans le but d’éviter la panique et de dissimuler le nombre de morts).  
Les porteurs de morts et de malades, qui ramassent les cadavres dans les rues se protègent avec un masque au long bec blanc recourbé (le masque de corbeau) et chargent les défunts grâce à de grands crochets. Le travail est fait souvent par des bagnards ou autres condamnés de droit commun.  

Les remèdes 
Malgré une méconnaissance de la nature de l’infection et de son mode de transmission, les médecins ont très vite compris la nécessité d’éliminer le mal par diverses méthodes :  
  • la sudation destinée a faire transpirer le malade (grâce à l’utilisation de plantes infusées dans du vin ou de l’eau bouillante) 
  • la suppuration des ganglions : le médecin pratique des cataplasmes puis incise et saigne les ganglions au fer rouge et applique enfin des crèmes à base de cuivre pour aseptiser les plaies.

La prière 
Pour nos ancêtres, la peste est tout d’abord une manifestation de la colère divine. Ainsi, le meilleur des traitements pour prévenir ou éradiquer l’épidémie reste la prière.  
En cas d’épidémie les rassemblements sont interdis qui empêchent toute prière collective. Ainsi, lors de l’épidémie de 1628, à Lyon, le bourdon de la cathédrale St-Jean sonne et chaque fidèle est invité à prier là où il se trouve.  
Malgré cela, des processions solennelles pour implorer la Vierge ou un saint sont parfois organisées, au risque de renforcer l’épidémie.  

Qui sont les victimes de la peste ?
La mort par la peste est-elle sélective ? Quelles sont les personnes les plus exposées a la contagion ?  
Des études d’historiens montrent que :  
  • les cas de nourrissons qui échappent à la maladie sont assez fréquents, ce qui n’est pas sans poser des problèmes en raison du grand nombre d’orphelins. Néanmoins les décès des nourrissons ne sont pas tous enregistrés dans les registres. 
  • les adolescents et les adultes jeunes (15 - 45 ans) sont les plus infectés 
  • la peste frappe autant les hommes que les femmes 
  • les classes privilégiées échappent plus facilement à la peste que les classes populaires. En effet, elles possèdent des propriétés à la campagne dans lesquelles elles peuvent se replier et ce sont chez elles que l’on rencontre le plus de poêles en faïences qui dessèchent l’atmosphère et détruisent ainsi les puces. 
  • certaines professions sont plus exposées que d’autres. Logiquement, tout ceux qui prennent en charge les malades (personnel médical, fossoyeurs, moines, prêtres, notaires…) mais aussi les meuniers, boulangers, bouchers, hôteliers (les réserves des boutiques sont infestées de rats qui y trouvent une nourriture abondante). De même les marchands ambulants, colporteurs, cordonniers, ouvriers du textiles sont plus touchés (c’est souvent dans des balles de tissus que la peste débarque dans les ports). 
  • au contraire, certaines professions sont plus épargnées : bergers, cochers, palefreniers (la puce ne supporte pas l’odeur des moutons, chèvres et chevaux) ou les forgerons, tonneliers, charrons dont le bruit faire fuir les rats. 

Quelles conséquences ?
Du XIVème au début du XVIIème siècle, pratiquement toutes les familles ont été confrontées au moins une fois à l’épreuve de la peste et les conséquences furent nombreuses :  
  • les registres paroissiaux ne sont pas toujours tenus (faute de papier suffisant) 
  • certaines familles pour fuir la contagion se dispersent dans d’autres localités 
  • certaines familles subissent des pertes considérables, voire s’éteignent. Le sort des orphelins de la peste est particulièrement dramatique. 
  • de nombreuses femmes enceintes décèdent et les naissances diminuent fortement. Dès la fin de l’épidémie, au contraire on assiste à de nombreux remariages et à une forte hausse de la natalité. 
  • la peste perturbe le cours des générations et la distribution des patrimoines. Ainsi, certaines familles perdent tous leurs biens (les maisons infectées sont parfois brûlées), d’autres par le jeu des décès s’enrichissent. De même certains commis ou apprentis deviennent parfois les nouveaux patrons grâce au mariage avec la veuve ou la fille de leur patron.

Bibliographie 
• “Nos ancêtres et la peste”, Thierry Sabot - Editions Thisa 
• Les Chemins de la peste : Le rat, la puce et l'homme de Frédérique Audouin-Rouzeau 
Les remèdes contre la peste les plus inefficaces de l’histoire
D'après un article de Marine Gasc
Aujourd’hui je vous parle de la peste, principalement la peste bubonique, qui a dévasté l’Europe durant tout le Moyen-Age. Les connaissances de l’hygiène, du corps et de la médecine n’étant pas les mêmes qu’aujourd’hui, on a essayé vraiment beaucoup de choses complètement inefficaces et c’est ce dont je vous parle aujourd’hui. Pour rendre hommage à ceux qui ont compris quels étaient les remèdes efficaces, je vous en parlerai un petit peu également.
Tout d’abord, la peste bubonique, c’est quoi ?
Quels sont les symptômes ? Il y en a quatre. 
  • Une grande fièvre 
  • Une atteinte profonde de l’état général accompagnée de délire et hallucinations 
  • Un désordre digestif 
  • Un bubon, un ganglion enflammé soit à l’aine, soit au creux de l’aisselle. 
Aujourd’hui on sait que les piqûres de puces en sont à l’origine, tout comme tous les animaux qui transportent ses petites bêtes nuisibles dans leurs poils, comme les rats.
Les grandes épidémies de peste
La première grosse épidémie de peste touche l’Europe en 1348. Et elle fait 28 millions de victimes. Eh oui ! La France perd environ 40% de sa population, soit environ 7 millions sur les moins de 18 millions. Et la population Européenne chute de presque 50%. Puis en 1410, rebelote, mais l’épidémie est moindre. Puis à nouveau en 1522 où on retrouve de nombreux cas dans l’ouest du royaume, notamment à Lyon et Grenoble. Ou encore en 1720, à Marseille.
La peste en Provence, Comtat Venaissin et Languedoc de 1720 à 1722
Carte réalisé d'après les cartes et les données proposés par Jean-Noël BIRABEN. Les hommes et la peste en France et dans les pays méditerranéens, tome 1, La peste dans l'histoire page 242 et 246, page 388 (voir bibliographie page 189) annexe IV
Les engraisseurs : à Grenoble, on raconte qu’il existait des personnes mal intentionnées qui allaient récupérer du pus sur les bubons des pestiférés pour le déposer sur les portes et serrures de leurs ennemis afin de les éliminer de la surface de la terre. Lorsqu’ils étaient pris en flagrant délit, on les tuait sur place, sinon, c’était le bûcher pour eux ! 
On peut aussi parler d’une épidémie qui a touché tout le bassin méditerranéen au VIème siècle, la peste de Justinien, mais les informations sont minimes. Plusieurs villes ont perdu la moitié de leur population, mais difficile d’étendre les statistiques à la population européenne. La ville de Clairmont (aujourd’hui Clermont-Ferrand) a connu des journées avec plus de 300 cadavres…. Et pour cause… On ne sait pas comment soigner la peste et surtout, on ne sait pas comment on l’attrape ! 
Les pires remèdes inefficaces
On ne peut pas reprocher aux médecins du Moyen Age de ne pas avoir nos connaissances actuelles sur la peste, ses causes et ses traitements… Mais quand même… Ils nous donnent des explications pour le moins douteuses comme l’alignement des planètes ou le courroux divin et pour tenter de soigner ou maîtriser les épidémies, les efforts mis en place sont pour le moins étonnant.
  • Les éponges de vinaigre des quatre voleurs
On pense que la peste, comme de nombreuses maladies, se transmet par la bouche, le souffle et la salive. Alors pour se protéger, on imbibe une éponge de vinaigre blanc, d’absinthe, de genièvre ou encore de marjolaine, sauge, clou de girofle, romarin et camphre qu’on considère comme désinfectants et on se le met devant la bouche. C’est d’ailleurs pour ça que le médecin De Lorme a créé le masque au bec de canard que l’on connaît bien, on y plaçait les éponges ou les plantes aromatiques désinfectantes et en avant ! Les médecins se vêtaient d’une grande cape, d’un chapeau, de gants et de leur masque pour entrer en contact avec les victimes et tenter de les soigner. En vain. Tout le monde pensait que le masque et les plantes permettaient aux médecins de ne pas attraper la peste, en réalité, c’est leur grande cape en cuir qui les protégeaient des piqûres de puce !
  • La religion
Pour calmer la colère de dieu, l’homme n’est jamais en perte d’imagination. Certains priaient pour demander la clémence, notamment Saint-Roch après le Xvème siècle, mais d’autres sont carrément allés dans un autre délire. C’est le cas du mouvement des flagellants qui devient très important en 1349. Les mecs pensent que la peste est un châtiment divin contre les pêchés commis par les humains. C’est en Europe centrale, en Pologne, Allemagne, Pays-Bas et France que le mouvement prend de l’ampleur. Les flagellants se déplacent de ville en ville, nus jusqu’à la ceinture, par groupe de 50 ou 100 personnes et ils se filent des coups de fouets tout en chantant des cantiques pour se purifier mais aussi pour purifier l’humanité toute entière. Petit à petit, le mouvement s’essouffle.
Quant à Saint-Roch, c’est un montpelliérain qui est né environ en 1350 et qui est décédé 28 ans plus tard de la peste. Durant ses dernières années de vie (et il n’en a pas eu beaucoup), il a passé son temps à visiter les pestiférés pour tenter de soulager leurs souffrances et leur apporter un peu de réconfort. Jusqu’au jour où il choppe lui aussi la peste. Saint Roch décide alors de s’isoler dans une forêt afin de ne pas contaminer d’autres personnes. Pendant plusieurs jours, le chien du voisin lui apportait de la nourriture, c’est pourquoi on le représente toujours avec un bubon sur la jambe et un chien.
  • Les régimes alimentaires pour lutter contre la peste
En 1400, l’abbé Carton de Bruges rédige une ordonnance pour lutter contre la peste, il y note qu’il faut manger en grande quantité des légumes légers et de la viande après les avoir faits mariner durant de longues heures dans du vinaigre. Il existe aussi de nombreuses recettes mi-magiques mi-cheloues….
  • Les remèdes magiques
Un peu comme le Grand Albert pour les philtres d’amour, on trouve de nombreuses recettes pour éloigner la peste. Notamment à base d’animal mort, ou encore de sécrétions, de sang ou de bave. Par exemple, il est conseillé de placer une grenouille vivante sur les bubons des malades pour rééquilibrer les humeurs. Le seul truc qui devait fonctionner plutôt bien, c’était les recettes à base d’opium. Bah oui… C’est pas de la magie, mais de la chimie.
  • Les saignées
Les saignées et les purges sont pratiquées sur tous les malades. Et comme on le sait, c’est non seulement inefficace mais en plus c’est mortel. En vidant le sang des pestiférés, on ne fait que les épuiser encore plus. Jusqu’au XIXème siècle, on pratique les saignées sur les parties proches du bubon car on ne connaît pas du tout le principe de circulation du sang dans le corps. Alors on pense que le sang infecté est juste à côté de la plaie.
  • La chaleur d’un bain chaud
Autre solution inefficace, utiliser la chaleur pour atténuer la maladie. Les personnes qui souffrent de fièvre, il faut à la limite les mettre dans un bain frais pour tenter de faire chuter la température, mais surtout pas dans un bain chaud… C’est pourtant bien ce que certains médecins recommandent. En revanche, ils pensent aussi que faire bouillir l’eau avant de la boire ou la viande avant de la manger permet de la désinfecter et c’est tout à fait vrai, or, la fièvre ne s’attrape pas en consommant de la viande.
Les méthodes contre la peste qui fonctionnent
Heureusement pour l’humanité, au bout d’un moment, on a trouvé des solutions qui fonctionnent. Certaines par hasard, d’autres parce qu’on a fait de gros progrès médicaux avec de meilleures connaissances du corps humain.
  • La quarantaine pour lutter contre la peste
Dès le XIIIe siècle, on chasse les pestiférés hors de la ville et on leur demande d’aller mourir dans les campagnes. On monte même des murailles pour éviter de les voir revenir et un garde est chargé de vérifier qui entre et qui sort de la ville. Ambiance quoi. A partir du XVème siècle, on ne chasse plus les malades hors de la ville mais on les confine dans des quartier ou des rues bien précises. Les bulletins de santé du XVIIIe siècle permettent une mise en quarantaine de 9, 20, 40 jours ou plus. Si t’es pas mort au bout d’un certain délai et que tu sembles aller mieux, tu peux sortir de chez toi. Pas avant ! En 1720, un capitaine de santé est chargé de frapper à toutes les portes de son secteur pour vérifier qu’il n’y a pas de nouveaux malades. Si c’est le cas, il doit quitter sa maison. Si un malade tente de cacher sa contamination, il risque la mort. Si quelqu’un cache la maladie d’un autre, même principe : au bûcher. Tout le monde est responsable de la santé publique et il ne faut pas prendre de risque. 
Ils pratiquent aussi l’abstinence sexuelle pour éviter de propager la maladie d’un humain à l’autre. 
  • Le ménage, nettoyage et les latrines
En 1580, on demande à la population de ne plus jeter les pots de chambre dans la rue, qu’on soit malade ou non. On enterre les cadavres plus rapidement que d’habitude et on ne laisse pas les pendus durant des semaines sur les gibets. On tue les chiens errants et il est interdit de rentrer les animaux (porcs, vaches, moutons) dans la ville, ne serait-ce que pour traverser. Même les prostituées ne peuvent pas rester dans les ruelles pour travailler. Les maisons étaient rarement nettoyées mais en période d’épidémies de peste, on fait appel à un parfumeur et on désinfecte (sans le savoir vraiment) avec des plantes comme la marjolaine, le thym la menthe, ou encore l’origan et la lavande. Ces plantes sont encore aujourd’hui réputées comme désinfectantes et antiseptique. (voici une recette). Dans la mesure du possible, si une victime de la peste décède chez elle, on brûle tout, les tissus, les meubles… Sinon, on tente de désinfecter avec des encens de plantes antiseptiques. 
En 1720, même le courrier est désinfecté. 
Et toutes ses petites habitudes, figurez-vous que ça limite les puces, eh oui, si les animaux errants sont éliminés, si les maisons sont nettoyées de fond en comble, et bien plus de rats, plus de rats, plus de puce, plus de puce, plus de piqûre, plus de piqûre, plus de peste ! Ou beaucoup moins.
Les médecins de la peste
La Grande Peste de Marseille (1720)
Voilà près de soixante-dix ans que la peste n'avait pas atteint Marseille, cette grande cité florissante de près de 100.000 habitants – y compris le « terroir », l'arrière-pays - et pour les Marseillais du début du XVIIIème siècle ce n'était qu'un mauvais souvenir, une maladie d'un autre temps, d'autant plus que la ville disposait d'un système sanitaire exceptionnel pour prévenir des épidémies, et les conditions concernant l'accostage des bateaux étaient plutôt strictes.
Lorsqu’un navire, le Grand Saint Antoine, arrive à Marseille, il accoste à l'île de Pomègues, lieu de quarantaine. Le capitaine prévient ensuite le bureau de santé de la ville, situé dans l'actuel bâtiment du Fort Saint-Jean, pour présenter sa patente, pour le renseigner concernant l'équipage, les passagers et les cargaisons, et ensuite le navire est mis en quarantaine pour une durée plus ou moins longue allant de 18 à 60 jours. En cas de peste avérée, il est envoyé sur l'île de Jarre, archipel de Riou.
Malgré ce dispositif strict, la peste fait son apparition, le 25 mai 1720, dans le premier port du royaume de France par l'arrivée du Grand Saint-Antoine, un trois-mâts en provenance de Smyrne (actuellement Izmir, Turquie), avec une précieuse cargaison d'étoffes et de balles de coton d'une valeur de 300.000 à 400.000 livres, appartenant en partie à de grands bourgeois marseillais – qui avaient prévu de l'écouler partiellement auparavant - et destinée à la foire annuelle de Beaucaire qui devait avoir lieu à la fin de juillet.
Une flûte, navire de charge typique du XVIIe et XVIIIe siècle, à l'image du Grand Saint-Antoine
Apprenant le décès de plusieurs personnes à bord pendant la traversée, ainsi que l'interdiction d'accoster à Livourne (Toscane), sa dernière escale, les autorités décident d'envoyer le navire à l'île de Jarre, avant finalement de l'envoyer à l'ile de Pomègue où les marchandises sont débarquées et entreposées aux infirmeries du lazaret d'Arenc, fait inhabituel. 
Seulement, il a fallu attendre le mois de juin pour que le bureau de santé ne prenne de réelles mesures sanitaires. Suite au décès de plusieurs membres d'équipage et de portefaix, sans que le chirurgien chargé d'inspecter les cadavres ne mentionne le moindre signe de contagion, on décide d'envoyer le navire à l'île de Jarre afin d’enterrer les cadavres dans la chaux vive. Mais il est déjà trop tard : les tissus de la cargaison ont été sortis en fraude du lazaret transmettant ainsi la peste dans la ville... Où l'on constate un premier décès, le 20 juin : une lingère, nommée Marie DUPLAN, meurt en quelques heures avec un charbon sur la lèvre : la ville est touchée.
Aucune mesure particulière n'est adoptée par les pouvoirs publics et les chirurgiens qui ont examiné les corps ne concluent toujours pas à la peste. Des cas de fièvre maligne et de fièvre contagieuse ou pestilentielle se déclarent pendant tout le mois de juillet, mais ce n'est qu'un septembre que le mot est prononcé : la municipalité a su cacher le mal pendant près de trois mois aux habitants, malgré le nombre de malades grandissant, estimé en août à 1000 par jour.
Le Lazaret d'Arenc, fondé en 1663 au lieu-dit Saint Martin d’Arenc
La question de la transmission se pose. Est-ce par le souffle, par des contacts humains, des contacts avec les cadavres, voire des rapports sexuels ? S'agit-il d'une transmission par des animaux, des rats ? Toujours est-il qu'on commence à massivement utiliser le vinaigre comme désinfectant ou avoir recours au « parfums », produits par des substances aromatiques et servant à purifier. 
Localement, le pouvoir tente de protéger les habitants ainsi que le commerce et instaure les premières mesures : défense de laisser croupir l'eau dans les poissonneries, ou de faire des tas de fumier à l'intérieur des maisons. Le Parlement de Provence va plus loin et décide, dès le 31 juillet, d'isoler Marseille en défendant à d'autres villes tout échange économique et la venue d'habitants des alentours, sous peine de mort. On ferme les portes des remparts, on monte des barricades et installe des guérites pour des sentinelles. Près d'une centaine de postes gardés par des soldats et des paysans sont répartis autour de la ville et des communes voisines. Les collectivités qui le peuvent s'isolent : arsenal des galères, abbaye de Saint-Victor, fort Saint-Jean et citadelle Saint-Nicolas. Les Marseillais s'enferment chez eux, on mure certaines rues, mais il est déjà trop tard...
Pour ravitailler la ville, tant par terre que par mer, il est décidé, le 6 août, d'établir trois « bureaux d'abondance », à Septèmes, à la Bastidanne et à l'Estèque, complétés par huit, puis par quatre autres, pour centraliser les denrées produites localement. Sur place des gardes sont postés pour surveiller la distanciation demandée entre les personnes pendant les transactions.
Pour circuler les Marseillais doivent se munir d'un billet de santé attestant qu'ils ne sont pas atteints par la peste, signé par un représentant de leur quartier. Les espaces publiques sont interdits : fermeture des écoles et des collèges, des églises et de tous les lieux de rassemblement. Les maisons atteintes par la peste sont marquées d'une croix rouge et les habitants sont mis en quarantaine chez eux. Face aux limites imposées aux déplacements, le « confinement », les habitants se mettent à se parler à distance depuis le seuil de la porte et par les fenêtres, ils communiquent avec leurs proches uniquement par correspondance – pour ceux qui savent écrire.
Les « groupes à risque » du fait de leur métier (fripiers), de leur mouvement (étrangers), de leur rôle dans la gestion de la peste (galériens) ou de leur statut déconsidéré (prostituées) sont particulièrement surveillés afin d'éviter « toutes communications pernicieuses ». Les peines prévues à l'encontre des contrevenants sont des châtiments corporels (fouet, carcan, enfermement), jusqu’à la peine de mort – bien qu'aucun acte officiel de condamnation à mort n'ait été trouvé. 
 
Le 30 juillet les mesures coercitives envers les Marseillais se complètent par l'enfermement des indigents de la cité et l'expulsion d'environ trois mille mendiants étrangers, ainsi que des juifs.
La situation s'aggrave inexorablement en août : le 2 août, sur le conseil des médecins, la municipalité décide, pendant trois jours consécutifs, d'effectuer un embrasement général des remparts, des rues et des places, et chacun doit brûler une once de soufre dans chaque pièce de son habitation afin de purifier l'air de la ville, suivant une théorie d'Hippocrate toujours appliquée par la médecine d'alors. Le résultat est que les masses de fumée rendent l'air encore plus malsain et entraînent une pénurie de bois en ville. 
Entre le 9 août et de 4 octobre, la municipalité met en place un réseau de six hôpitaux de peste et des maisons de convalescence. Le taux de mortalité dans ces institutions peut atteindre jusqu'à 90%, pic de septembre 1720, pour diminuer graduellement par la suite. 
 
Avant la peste, dans la ville, environ 150 hommes étaient chargés d'une mission de police, des bourgeois appartenant à une milice faisant des tours de garde, capitaines et lieutenants de quartier qui constituaient la police urbaine. A l'arrivée de la maladie près de 300 commissaires supplémentaires sont recrutés - commis, portefaix, servants - qui travaillent avec les médecins, De plus, des centaines de forçats sont sortis de l'arsenal des galères pour s'occuper des tâches les plus dangereuses, comme la désinfection, l'enlèvement et l'enterrement des cadavres, on les nomme « les corbeaux ».
Le "Grand Saint-Antoine" incendié à l'ancre.
L'ordre donné le 28 juillet par le Régent Philippe d'Orléans de brûler le navire et sa cargaison ne fut exécuté que les 25 et 26 septembre 1720.
L'augmentation exponentielle des décès et donc des cadavres constitue un véritable drame. Estimé à une cinquantaine par jour au début d'août, le nombre de morts atteint bientôt la centaine. A la fin du mois il meurt environ sept cent personnes par jour. Mais c'est au commencement de septembre que la maladie atteint son apogée le nombre de morts dépassant les mille personnes. L'enlèvement des corps et les détritus de toutes sortes des habitations infectées encombrent les places et les rues et constituent un problème sanitaire majeur. Effectué auparavant par des expéditions nocturnes, les compagnies des « corbeaux » ou « barras » ne cessent de charger leur tombereaux, jour et nuit. Bientôt ils sont rejoints, sur ordre du gouverneur, par des mendiants et des vagabonds. Puis c'est le tour aux forçats de l'arsenal des galères à être enrôlés. Ces derniers sont au final 200 ; la plupart ne survit pas. L'abondance des cadavres et leur dangerosité expliquent la création de grandes fosses communes à l'écart de la ville et l'usage de la chaux vive dans le traitement mortuaire. Au total pas moins de vingt-sept de ces fossés sont creusés à proximité des portes de la ville par des paysans également réquisitionnés. La difficulté d'acheminer ces masses grossissantes de cadavres par des ruelles étroites et tortueuses de la vieille ville vers l'extérieur explique qu'on a fini par les enterrer à proximité de la cathédrale de la Major, voire par utiliser les caveaux des églises ce qui posait par la suite le problème de leur désinfection. 
Vue de l'Hôtel de Ville pendant la peste de 1720
Peinture de Michel Serre (Musée des Beaux-Arts de Marseille)
« De quelque côté que l'on jette les yeux, on voit les rues toutes jonchées des deux côtés de cadavres qui s'entre-touchent et qui, étant presque tous pourris, sont hideux et effroyables à voir. » 
 
Nicolas Pichotty de Croissainte  
(Haut fonctionnaire de la ville) 
Parmi les figures qui se distinguent particulièrement par leur courage et leur dévouement pendant cette période apocalyptique on peut citer le Chevalier Nicolas ROZE (fils des cultivateurs de Solliès, devenu armateur, puis anobli par Louis XIV) qui, dès septembre 1720, dirige une compagnie d'environ 150 soldats et forçats équipés de tombereaux, de pinces et de râteaux pour enlever près de 1200 cadavres amoncelés sur l'esplanade de la Tourette, quartier pauvre du port. Le plus récent de ces corps sont vieux de trois semaines et les sources contemporaines les décrivent comme « présentant à peine la forme humaine et dont les vers mettent les membres en mouvement. »
Le Chevalier Roze déblayant la Tourette au plus fort de la peste
Peinture de Michel Serre

Ils sont jetés dans les excavations des deux bastions, aussitôt comblés de chaux vive et de terre. Seulement trois hommes de l'équipe survivent. Roze est atteint lui-même, mais échappe. Il est aussi l'organisateur du ravitaillement et engage tous ses biens pour fournir du blé. Il y a également l'évêque de Marseille, Mgr. Belsunce, tant vénéré pour son abnégation et son zèle. Il porte secours aux malades et leur administre le dernier sacrement, il distribue d'abondantes aumônes afin de les soulager y consacrant une grande partie de son patrimoine. On le connait pour célébrer la messe tête nue, pieds nus, flambeau à la main. Un cours et des rues à Marseille, Paris et Nantes portent le nom de ces deux héros et le stade Vélodrome de Marseille a sa tribune 'Virage Sud Chevalier Roze'.
Le dévouement de Monseigneur de Belsunce durant la peste de Marseille en 1720
Peinture de Nicolas André Monsiau
Dès la fin de septembre on commence le nettoyage de la ville par l'enlèvement des ordures, l'incinération de tous les objets et vêtements des pestiférés et la désinfection des maisons contaminées, parfumées puis blanchies à la chaux.
Vue du cours de Marseille pendant la peste de 1720
Peinture de Michel Serre (Musée des Beaux-Arts de Marseille)
Pendant l'automne 1720, la peste progresse par recul et reprises. A la fin de septembre, le nombre de décès est de quatre cents environ, puis une centaine de personnes par jour fin octobre et une cinquantaine jusqu'à la mi-novembre. A la fin de l'année, ce nombre se réduit jusqu'à deux ou trois nouveaux malades par jour. Les mois de février et mars 1721 connaissent un certain répit et ne présentent pas de nouveau cas, mais cela ne signifie pas pour autant que la maladie a perdu sa violence et de nouvelles alertes se déclenchent jusqu'au milieu de l'année – la dernière entrée à l'hôpital étant enregistré en août 1721. Il faudra attendre la fin de l'année 1722 pour que toute suspicion soit levée concernant la seule ville de Marseille, et ce n'est qu'en 1724 que le commerce avec le reste du royaume et l'Europe sera rétablie.
Le mur de la peste
D'après le Grand Almanach de Provence 2010
Apportée par le navire le Grand Saint Antoine en mai 1720, la peste frappe Marseille et une partie de la Provence.  
Des restrictions à la circulation ont été mises en place, mais elles ne suffisent pas à contenir la progression de la peste. De mars à août 1721, dans la plaine, la population locale, volontaire ou forcée est mobilisée pour creuser un fossé large et profond de 2 mètres. Le vice-légat du Comtat Venaissin décide d’employer les grands moyens pour combattre l’avancée du fléau et ordonne la construction d’un grand mur, de 27 Km de long. Ce "mur de la peste" construit dans les monts de Vaucluse, de Monieux à Cabrières d’Avignon, est réalisé en pierres sèches. Haut de 2 mètres, il devait isoler le Comtat de la Provence proprement dite.  
En juillet apparaissent les militaires français, neuf compagnie de Guernesey, une infanterie qui a reçu l’ordre royal de venir lutter pour que la peste ne remonte pas jusque chez eux. Un millier d’hommes armés, répartis dans 97 postes, gardent l’ensemble de la ligne sanitaire qui s’étend alors sur 100 kilomètres, depuis Bonpas sur la Durance jusqu’à Sisteron, en passant par la montagne de Gordes et près de l’abbaye de Sénanque. Mais la peste entra en Avignon par le Rhône et le Comtat fut à son tour ravagé par la terrible épidémie. A mesure que l’épidémie se propage, le cordon recule et s’étend jusqu’au Languedoc, au Rouergue et au Vivarais, à leur tour menacé par l’invasion pestilentielle.  
Ce n’est qu’en février 1723 que toutes les lignes de contrôle sont levées. Au bilan, on compte 87 000 morts en Provence et 7 300 dans le Comtat, d’après un document officiel de l’époque.  
Une partie restaurée du mur de la peste
Stèle commémorative marque le début des deux kilomètres qui ont été restaurés
Abris construits en pierres sèches pour accueillir des gardes qui avaient pour consigne de tirer sur tout individu qui tentait de passer de l'autre côté
Borne de signalisation touristique du mur de la Peste
Les chiffres de la peste de 1720
(1)
(2)
(3)
  1. Taux de mortalité : rapport du nombre de décès de l'année à la population totale moyenne de l'année
  2. Taux de morbidité : rapport du nombre de sujets atteints d'une maladie donnée à la population totale pendant une période donnée
  3. Taux de létalité : proportion de décès liés à une maladie particulière par rapport au nombre total de malades
Chronologie de l’épidémie de peste dans le Var
A Marseille, l’équipage et les ouvriers d’un navire de commerce, le Grand Saint Antoine, arrivé de Syrie, sont les premières victimes La contagion gagne rapidement toute la ville.
L’épidémie est déclarée le 27 mai 1720.
A Toulon, Monsieur d’Antrechaus, premier consul, réunit son conseil pour déterminer les précautions à prendre contre une éventuelle épidémie le 31 juillet 1720.
A Bandol, quatre pêcheurs dont le toulonnais Cancelin s’emparent d’une balle de soie laissée sur la plage, provenant du navire de Syrie. Ils se partagent le butin dans la nuit du 4 octobre. Le 11 octobre Cancelin décède, sa fille meurt le 17 octobre.
La peste est déclarée à Bandol le 17 octobre 1720.
A Toulon, deux fils de Cancelin, cinq parents et amis venus soigner la famille, décèdent à leur tour. 
Plusieurs autres personnes de la famille meurent peu à prés.
Première apparition de la peste le 28 octobre 1720.
A Toulon, un colporteur Monsieur Gras, parti à Aix pour y acheter du drap (pour vêtements d’hiver) revient par Signes pour arriver à Toulon le 10 janvier 1721 et vend toute sa marchandise. Sa fille tombe malade et meurt le 17 janvier. Monsieur Gras décède le 22 janvier. 
Monsieur le Consul d'Antrechaus déclare qu’à Toulon la peste est affirmée le 28 janvier 1721
La mise en quarantaine générale est instaurée le 10 mars 1721
La peste s’étend dans les campagnes et les communes environnantes ; La Valette, La Garde, La Seyne, Ollioules, Evenos, Le Revest, Six-Fours, Bandol …  
La quarantaine est levée le 20 avril 1721.
La fin de l’épidémie à Toulon est le 18 août 1721 et aura fait 15 803 morts.
L'épidémie de peste à Méounes en 1720
D'après un article de Var Matin du 25 août 2020
Extraits du livre "Méounes : étude archéologique et historique" par l'Abbé V. Saglietto - 1936
Le récit des ravages occasionnés par la peste ou le choléra, ainsi que les moyens employés pour lutter contre ses progrès redoutables sont à peu près les mêmes partout. A la nouvelle qu'un foyer du fléau venait de se déclarer dans un des villages environnants, immédiatement le conseil communal de Méounes formait son bureau de santé qui prenait toutes les dispositions afin de préserver la population de ses atteintes ; c'était la nomination d'un portalier, chargé d'ouvrir ou fermer les portes de l 'enceinte, la constitution d'un ou plusieurs corps de garde en vue d'assurer la police des avenues du bourg, le concours d'un chirurgien pour visiter el soigner les malades et l'établissement des « billets » destinés à ceux que la nécessité obligeait à sortir du territoire. 
A cette commission d'hygiène incombait également le soin de diriger ceux qui revenaient des régions contaminées, sur les lieux de quarantaine, généralement bastides ou jas éloignés du village où ils devaient demeurer durant plusieurs semaines sous la surveillance d'un de ses membres. 
Nous voyons toutes ces mesures se répéter en 1542, 1546, 1658, 1559.
Une particularité caractérise celles de l'année 1579 pendant laquelle la garde des portes fut mise en adjudication et cédée pour 8 florins ; on avait essayé, tout d'abord, de l'imposer à chacun et à tour de rôle, mais cette obligation souleva une· tempête de récriminations, probablement parce que le danger n'était pas très grand. 
La peste de 1580 fit supprimer, afin de ne point attirer les étrangers, les réjouissances que l’on avait coutume de donner à l’occasion de la fête de Ste Europe, obligea, en outre, le conseil à établir à travers « les horts » un nouveau chemin pour empêcher les voyageurs de passer par le village et à imposer, à ceux que les travaux des champs faisaient sortir du bourg l’obligation d’y être rentrés avant que la cloche n’eût donné le signal de fermer les portes, au nombre de trois, celle de Belgentier, de La Roquebrussanne, et de l'église. 
Les mêmes précautions furent prises, en 1628, cette fois par ordre du Parlement qui, en plus des dispositions d’usage, commandait la fermeture des cabarets et l'excessive propreté des rues et places, sous peine de trois livres d'amende contre tout contrevenant. 
La mort inopinée d'un homme suivie de celle de sa femme et de son fils, sur le territoire de Cuers en 1630, fit de nouveau jeter l'alarme dans notre village. 
Elle se répéta, en 1640, où pour la première fois des gardes furent placés aux limites du territoire communal.

On employa ce nouveau mode de protection surtout pendant la peste de 1720. 
Une compagnie de la milice commandée par un capitaine vint, en décembre, prendre position sur tous les passages qui mettaient en communication le territoire de Méounes avec celui de Mazaugues où le fléau commençait à faire de sérieux ravages ; elle était envoyée par ordre de N de ePrrin , maréchal , commandant les troupes de sa Majesté en Provence. 

Aux premiers jours de janvier 1721, Néoules se trouvant à son tour infesté par l'épidémie, un corps de 20 grenadiers allait se placer en surveillance, sur les confins des deux communes. 
Un autre contingent de troupes se transportait, quelque temps après, sur les limites de La Roquebrussane lorsque cette localité commença aussi à souffrir du terrible mal. De telle sorte qu’à un moment donné, Méounes avait une défense, un rideau de soldats s'étendant des bornes de Signes jusqu'à celles de Cuers. Notre administration communale dut, à l'approche de l'hiver, faire construire de distance en distance des petites cabanes pour qu'ils puissent se mettre à l'abri. 

C'est peut-être à l'emploi inusité de cette mesure extraordinaire de protection que Méounes dut de garder intactes les excellentes qualités de son état sanitaire. Nous devons reconnaître, toutefois, que ses habitants, furent loin de demeurer inactifs. Lorsqu'ils surent que le fléau prenait chaque jour plus d'extension, ils nommèrent aussitôt une commission de 14 intendants, chargés de veiller à la propreté du lieu et de pourvoir à son ravitaillement, et pour éviter d 'être contaminé par les fuyards, ils entreprirent de détourner de son cours ordinaire la route royale afin de la faire passer plus à l'est dans le vallon de Beaumaran. 
Devant l'imminence du danger chacun remplissait de son mieux la charge qui lui avait été assignée. La garde des portes surtout était sévèrement faite, on ne pouvait entrer qu'avec un billet rigoureusement en règle. Tout ce que l'on portait était minutieusement contrôlé et gare alors, aux étoffes, auxquelles l'on a attribué tout le mal.
Un soldat de la milice, revenant de Salernes, pour prendre son poste sur la ligne frontière du territoire, se vit obliger de laisser entre les mains du portalier, pour être brulée, une pièce de drap qu'il avait apportée. 

Les archives de l'époque nous racontent, en détail, les conséquences fâcheuses qu'eut, pour un nommé Gérin, de ne pas vouloir comprendre la nécessité des précautions prises. Revenant, un jour de sa propriété avec son âne chargé d'une botte de foin, l'intendant Simon, qui remplissait à ce moment-là la fonction de portalier, lui intima l'ordre d'étaler son herbe sur le sol, pour vérifier si elle ne cachait, point quelque tissu provenant du St. Antoine. Le paysan se récria, jurant qu'il n'y avait rien, mais devant l'insistance du membre de la commission d'hygiène il dut s'exécuter et délier son fagot où l'on ne trouva, en effet, aucun objet compromettant. 
Le soir venu, Gérin qui avait promis de se venger, rencontrant Simon sur la place, l'aborda avec insolence et se mit à l'injurier copieusement. Celui-ci, outré d'une telle conduite, et sans essayer de se défendre, porta plainte auprès du commandant de la milice N. de Montfaucon qui fit prendre immédiatement l'irascible paysan par ses soldats et le mit en prison. Lorsque dans la suite, le bureau de santé eut à se prononcer sur la délivrance du prisonnier, les membres à l'unanimité décidèrent de le maintenir dans la géole municipale jusqu'au jour où il serait disposé à venir devant eux réunis pour leur demander pardon « et protester qu'il les tenait tous pour des hommes d'honneur et de bien » alors seulement on le relâcherait avec une amende de trois livres. 

En janvier 1722 le conseil communal déclarait avec une légitime satisfaction et la plus grande reconnaissance envers la Providence, que jusqu'ici aucun cas de peste ne s'était révélé dans la commune.
La peste de 1720 à Sainte-Anastasie
Qu’est-ce que la peste ?
  • La peste est une anthropozoonose c’est à dire une maladie commune aux humains et aux animaux. 
  • Elle set causé par un bacille nommé Yersinia pesti car découvert par Alexandre YERSIN (franco-suisse de l’institut PASTEUR) en 1894.
  • C’est une maladie très contagieuse et mortelle pour l’homme.

Comment se transmet la peste ?
  • La peste est une maladie des rongeurs, principalement des rats, qui se transmet à l’homme par les puces mais également entre homme par voie respiratoire.

Quels sont les symptômes ?
La peste bubonique, forme clinique la plus fréquente, se manifeste par : 
  • Une forte fièvre, accompagnée de vertiges, de frissons, délire .. 
  • Un affaiblissement général,  
  • L’apparition de bubons c’est-à-dire de ganglions lymphatiques enflés et douloureux. 
 Sans traitement, la mort survient très rapidement (7 jours). 
La peste de 1720
C’est une résurgence de la 2ème pandémie de peste de 1348. Elle apparait d’abord à Marseille en juin 1720 et se répand très rapidement. 242 communautés sont touchées en Provence, Comtat et Languedoc.
Les moyens de lutte
Désormais, les autorités prennent une série de mesures plus au moins efficaces, plus ou moins appliquées :
  • Le 17 septembre, la Provence est mise en quarantaine par l’arrêt du conseil du Roi du 14 septembre. 
  • Une escadre bloque les ports de Marseille et Toulon. 
  • Le Régent envoie des médecins et apothicaires pour aider. 
  • Interdiction de circulation sur les grands axes. 
  • Blocus des communautés atteintes. 
  • Des gardes, des milices locales contrôlent l’entrée des villages (Voir l’extrait de l’Abbé Saglietto sur l’histoire de Méounes) 
  • Instauration d’un billet de santé attestant que l’on vient d’une ville saine. 
  • Instauration d’un billet de déplacement. 

Les remèdes
  • Des éponges imbibées de vinaigre aromatisé avec des herbes : absinthe, genièvre, marjolaine ou encore sauge, clou de girofle … que l’on met devant la bouche. Les gens sont persuadés que la peste se transmet par l’air respiré qu’il faut donc purifier. 
  • Des recettes à base d’animal mort ou encore de sécrétions de sang ou de baves. 
  • Incision des bubons.
  • Saignées. 
  • Des bains chauds 

Mais aussi, des prières notamment 
  • à St ROCH, sensé guérir de la peste. 
  • Des processions pour demander la grâce de Dieu ou même calmer sa colère. 

Les maisons des malades sont désinfectées par 3 fumigations :  
  • Une avec des herbes aromatiques 
  • Une avec de la poudre à canon 
  • Une avec de l’arsenic et autres drogues. 
  • On brule les mobiliers et une ou deux couches de soufre sont lancées sur les murs et les planchers. 
  • L’éloignement ou le confinement des malades 
  • L’évacuation des cadavres dans les fosses communes recouvertes de chaux vive. 

Les familles de Sainte-Anastasie touchées par la peste
Les familles Raynouard, Martin et Ollivier ont payé le plus lourd tribut à l'épidémie de peste.
Mais les autres familles du village, ainsi que les orphelins ne furent pas épargnés non plus.

La liste des victimes peut être consultée en cliquant sur les liens ci-dessous :

Exposition dans nos locaux : les visiteurs ont répondu présent !
Malgré les contraintes sanitaires, une cinquantaine de visiteurs sont venus admirer l'exposition, ouverte au public dans notre local associatif à l'occasion des journées européennes du patrimoine, les 19 et 20 septembre.
Evelyne, Jeannine, Jean-Marie, Bernard et Gilles se sont relayés pour assurer la permanence de l'exposition.
Les discussions allaient bon train, que ce soit autour des explications fournies sur les travaux de recherche des informations présentées, ou bien encore sur le parallèle parfois troublant entre cette période noire de l'histoire de notre région et l'épidémie de Covid actuelle.
La reconstitution des éléments de protection des médecins de la peste connut un franc succès !
La presse nous a également rendu visite ...
Var Matin nous a même fait les honneurs d'un article paru dans son édition du 20 septembre...